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Kurt Browning – Comme j’ai été chanceux (How Lucky I Was)

Je n’ai jamais oublié qu’un public de 7000 personnes, ce n’est pas juste 7000 personnes, c’est 7000 histoires différentes de gens qui sont sortis de leur quotidien pour passer un moment avec la troupe.

L’auteur a été quadruple champion du monde en patinage artistique, a participé à trois Jeux olympiques et a été le premier patineur à réussir un quadruple saut en compétition. Il vient de mettre un terme à sa carrière professionnelle de 30 ans avec les spectacles Étoiles sur glace.

Source: Radio-Canada
Date: December 4, 2023
Author: KURT
(English translation below)

Un jour, lors d’une compétition, je crois qu’il s’agissait des Championnats canadiens juniors, je me souviens d’arriver à l’aréna et, avant d’entrer, mon père me dit : "Regarde!"

Je ne comprenais pas, je cherchais ce que je devais voir.

Mon père me dit : "Les voitures."

Et moi, en jeune insolent, je lui réponds : "Oui, c’est un stationnement, c’est habituellement rempli de voitures."

Il m’a alors regardé et m’a dit : "Tu sais, ces voitures ne sont pas arrivées toutes seules. Elles ont été conduites par quelqu’un, qui a probablement payé pour l’essence et le stationnement. Cette personne est probablement accompagnée de membres de sa famille. Ils sont entrés, ils ont payé leurs billets, peut-être qu’ils ont aussi commandé un hot-dog et un café. Ils ont pris du temps dans leur vie pour être ici et te regarder patiner."

"Ne viens pas saboter tout ça."

Je ne l’ai jamais oublié.




Plus de 30 ans après ma première participation à un spectacle d’Étoiles sur glace, à 56, presque 57 ans, j’ai donné mes derniers coups de patin avec cette troupe le 4 juin 2023 dans un aréna de Hershey, en Pennsylvanie.

J’étais le dernier solo avant le numéro final et l’on m’avait réservé une petite surprise. Ce que l’on appelle le tunnel, mais qui n’est en fait que des rideaux que l’on ouvre pour laisser entrer ou sortir les patineurs, est habituellement tenu fermé. Mais cette fois, Bobby, un technicien, avait laissé le rideau du tunnel grand ouvert. Je pouvais voir tous les patineurs du spectacle, qui attendaient leur numéro, me regarder et me sourire.

Lorsque je me suis joint à eux pour le numéro de la fin, je ne pensais plus aux pas ou à la chorégraphie, je ne pouvais m’empêcher de me dire : Je l’ai fait. J’étais si fier de moi, j’avais la grosse tête! Je me sentais comme un super héros. En fait, j’avais l’impression d’avoir gagné quelque chose.

J’étais fier de m’être rendu au bout, mais surtout d’avoir maintenu un bon niveau de performance tout au long de ma carrière pour le public. Ç’a toujours été important pour moi d’offrir le meilleur de moi-même, soir après soir.

Au cours de ces 30 tournées, j’ai patiné dans 925 représentations. J’ai seulement raté la première partie d’un spectacle parce que mon avion était en retard. N’écoutez pas les rumeurs, ce n’était pas de ma faute!

Quelle chance ai-je eue qu’aucun virus ni blessure ne m’ont empêché d’être sur la glace et de faire mon travail!

Quelle chance j’ai aussi d’avoir une génétique qui m’a permis de tenir ce rythme jusqu’au bout. Je dois avouer que, jusqu’à tout récemment, je ne me suis jamais vraiment entraîné et je n’ai jamais suivi un programme particulier pour rester en forme. J’ai toujours aimé bouger, jouer au tennis, au hockey, lancer un ballon de football, faire du vélo. La plupart du temps, ça inclut des amis et de la bière. Je dois remercier mes parents pour cette génétique d’athlète.

Même si je n’ai pas douté que cette tournée serait la dernière, je crois que la vie m’a envoyé un signe que j’avais pris la bonne décision. Le 2 juin, lors du spectacle à Baltimore, je suis tombé en faisant mon saut périlleux arrière. Ce saut que j’effectue sans penser et qui faisait encore fièrement partie de mon répertoire. Avec les années, il avait bien perdu un peu d’amplitude et la rotation était moins rapide. Mais ce soir-là, la plupart des patineurs peuvent en témoigner, la glace était dure et cassante.

Quand j’ai piqué pour m’élancer vers l’arrière, la glace s’est brisée, avec le résultat que mon saut, qui n’était déjà plus très haut, s’est retrouvé encore plus bas qu’à l’habitude. Je n’avais plus assez d’amplitude et les dents de mes patins n’ont pas mordu suffisamment dans la glace pour compléter l'atterrissage. J’étais tellement vers l’avant que je suis tombé et c’est mon visage qui a encaissé le coup.

Je me suis mis à saigner, mais il ne restait que quelques secondes au solo et j’ai rapidement salué la foule avant de retourner en coulisses. Le sang coulait maintenant à flots, on m’épongeait le visage en catastrophe en plus de m’insérer des mouchoirs dans le nez puisque je devais enlever mon costume beige, pour en remettre un autre… blanc! Et tout ça en trois minutes.

Je riais lorsque j’ai commencé le numéro suivant avec le nez rempli de mouchoirs. C’était certainement une première pour moi.

J’ai donc décidé de retirer le saut périlleux arrière de mes numéros pour les deux derniers spectacles. L’humilité a gagné cette bataille. J’ai terminé ma dernière tournée avec le visage tuméfié et égratigné, j’avais l’air d’un dur à cuir.

Malgré les égratignures et le sang, j’étais tellement heureux. J’ai participé à mon dernier spectacle deux semaines avant de fêter mes 57 ans et j’avais réussi à garder une forme physique d’un assez bon niveau, qui me permettait de bouger confortablement et de donner une bonne performance.

C’était le plus important.

Je ne me souviens plus très bien de la façon dont on m’a approché pour faire partie du spectacle Étoiles sur glace. Au début des années 1990, j’étais déjà champion du monde et c’était juste logique que j’intègre la tournée, ce n’était pas une surprise. J’avais même déjà fait quelques apparitions lors des tournées précédentes.

Ce dont je me souviens très bien toutefois, c’est d’aller voir le spectacle à Buffalo, en voiture, avec Kevin Albrecht, mon agent de l’époque. J’ai encore en tête l’image du numéro de Scott Hamilton, quadruple champion du monde et médaillé d’or olympique en 1984 et qui est aussi l’un des concepteurs et producteurs d’Étoiles sur glace.

Surtout, Scott est un ami et un modèle pour moi.

Je le revois patiner, si ma mémoire est bonne, sur Georgia on my Mind de Ray Charles. Il était vêtu d’une chemise rouge et d’un jeans, une petite table avec une radio déposée dessus lui servait d’accessoires sur la glace. Il interprétait un homme en peine d’amour, c’était un numéro très touchant et émouvant.

Et lors d’un autre numéro, il s’est lancé dans un incroyable jeu de pieds dont lui seul est capable et il a fait tout le tour de la glace.

Et ça m’a frappé. Je me suis dit : "Je veux faire ça!"

Lorsque j’ai commencé les tournées avec Étoiles sur glace, je n’avais pas de plan précis. Je me souviens que Kristi Yamaguchi disait : "Je le fais 10 ans et ensuite, c’est fini." Je ne comprenais pas comment elle pouvait savoir ce qu’elle ferait dans 10 ans, mais elle a suivi son plan. Dans mon cas, la curiosité était toujours là et je pensais constamment à la chance que j’avais.

Mon père, encore lui, m’a dit un jour : "Tu es chanceux de pouvoir vivre, en tant qu’adulte, de la passion que tu avais enfant."

Il avait tellement raison. Je suis tombé amoureux d’un sport, j’ai eu la chance d’être assez bon pour avoir du succès et d’en faire mon travail.

Un travail qui a été une longue histoire d’amour avec le public, la musique, la création de chorégraphies, l’aspect physique et, surtout, l’amitié.

En trois décennies, j’ai eu la chance de partager la glace avec de nombreux amis : Scott Hamilton, Brian Orser, Toller Cranston, Josée Chouinard, Kristi Yamaguchi, Joannie Rochette, Patrick Chan, Elvis Stojko, Donald Jackson et tellement d’autres.

Je ne garde pas en mémoire toutes les chorégraphies ou les détails des tournées, mais j’ai en tête tellement d’anecdotes. Comme la fois où, à Winnipeg, Josée Chouinard a raté une carre et s’est retrouvée coincée sous les chaises des spectateurs de la première rangée.

Je me souviens d’essayer d’avoir l’air cool avec Elvis Stojko et Brian Orser lorsque l’on patinait sur une chanson hip-hop dans les années 1990.

Je me rappelle m’être dit : "Je suis une f****** rock star" pendant que l’on performait sur une chanson des Rolling Stones devant 16 000 personnes qui criaient à tout rompre à Toronto.

Étoiles sur glace, c’était aussi le bonheur de jouer des personnages, d’être Gene Kelly dans Singing in the Rain, ou un roi du funk en patinant sur Brick House des Commodores. J’ai en tête un numéro où la chorégraphe Sandra Bezic me faisait commencer tout juste à l’entrée du tunnel. J’étais vêtu d’un smoking blanc et tous les projecteurs m’éclairaient de devant, mais aussi de l’arrière. Je ne voyais presque rien, mais c’était magique. J’étais plus grand que nature.

Sandra ne nous voyait pas seulement comme des athlètes, mais comme de vrais artistes. La possibilité de jouer des personnages est ce qui m’a fait sentir dès le départ comme chez-moi.

Et lors de l’ultime et dernière tournée, j’ai pu faire un duo avec Elvis Stojko. Nous avons été compétiteurs il y a bien longtemps, mais nous nous sommes toujours respectés. Nous avions déjà fait un numéro ensemble où l’on se défiait, avec un sourire en coin. C’était lors du gala des champions après les mondiaux de 1993 (que j’avais remportés tout juste devant lui d’ailleurs) et nous avions toujours eu le désir de le refaire. L’occasion s’est imposée d’elle-même lors de ma dernière tournée.

Le chorégraphe Jeffrey Buttle nous a littéralement laissés faire ce que l’on voulait. Nous avions des micros et l’on faisait des blagues avec la foule alors que l’écran géant sur la glace montrait quelques extraits de nos chorégraphies de compétition des années 1990. Nous avons refait quelques extraits du solo d’Elvis sur la musique du film Dragon, l’histoire de Bruce Lee, et il s’est joint à moi pour quelques pas de ma chorégraphie tirée du film Casablanca<,/B>. Nous avons toujours été à l’opposé, mais toujours complices.

Ces moments sont gravés dans ma mémoire, tout comme les discussions que nous avons eues, Elvis et moi, après les spectacles, les pieds dans le spa, seul à seul parce que nous étions les deux plus vieux de la tournée et que tous les autres étaient partis faire la fête.

Je mentirais si je disais que ç’a toujours été facile. Patiner avec des blessures est la première chose qui me vient à l’esprit. Mais certaines années, le groupe de patineurs était aussi moins uni et ça me faisait réaliser toute la chance que nous avions les années où Étoiles sur glace était ni plus ni moins qu’une famille.

Et aussi, lorsqu'un événement malheureux frappait à la maison et que j’étais coincé avec la tournée, à voyager de ville en ville, je me sentais tellement loin. C’était un sentiment horrible. Je me sentais coupable de continuer à gagner de l’argent en faisant quelque chose de si amusant. Quand ma mère est tombée malade ou juste lorsque mes enfants étaient petits et que je ratais tellement de beaux moments à la maison, le plaisir était moins présent. Ce n’était plus la même chose.

J’ai tenté de prendre ma retraite avant 2023. Deux fois pour être précis.

En 2015, j’étais le chorégraphe de la tournée et j’avais le sentiment qu’il était temps de tirer ma révérence. J’en ai profité pour intégrer quelques éléments qui étaient en quelque sorte des "au revoir." J’adorais mon solo sur Brick House, alors j’en ai fait une chorégraphie de groupe avec les autres patineurs masculins de la tournée. J’ai aussi ramené mon personnage de Raggy le clown le temps de dessiner une fleur sur la glace. Ce personnage a toujours été si important pour moi.

Je n’ai pas vraiment annoncé ma retraite, mais les patineurs avaient compris les messages que j’avais parsemés ici et là. J’ai même fait un discours lors du dernier spectacle à Vancouver.

Puis, l’année suivante, j’ai fait quelques spectacles comme invité spécial. Je ne me souviens plus trop pourquoi, je crois qu’on m’a juste demandé si ça m’intéressait et j’ai répondu : "Oui."

J’étais encore une fois de la tournée en 2017, j’imagine que c’est parce que j’étais tout simplement incapable de dire au revoir.

En 2018, la tournée comptait tellement de médaillés olympiques, un médaillé d’or ici, un autre là. Avec toutes ces supervedettes, ça m’a semblé le meilleur moment pour céder ma place.

En plus, je commençais à m’inquiéter que mon corps ne suivrait plus la cadence. J’ai décliné l’invitation cette année-là, et je me rappelle être assis dans les gradins à Toronto et regarder fièrement mon ami Elvis Stojko faire un parfait triple lutz et me dire : "Ce spectacle est incroyable, mais je suis en paix de ne plus en faire partie."

Jusqu’à ce que je reçoive un appel, encore.

L’année suivante, Tessa Virtue et Scott Moir ont quitté Étoiles sur glace pour faire leur propre spectacle. Le producteur m’a donc demandé : "Tu pourrais revenir… s’il vous plaît?" Et j’ai accepté.

Puis la pandémie est arrivée et je ne voulais pas que ça se termine de cette façon, avec les spectacles annulés. Et finalement, ces dernières années, j’ai eu la chance de patiner avec ma femme, la patineuse américaine Alissa Czisny. Le fait de pouvoir partager ces moments incroyables avec elle m'a poussé à continuer, juste un peu.

Je dois dire que la pause forcée de la pandémie m’a permis de me préparer à la retraite. Tout ce temps passé loin de la glace m’a fait réaliser ce que serait ma vie après la tournée. J’ai aussi pu me replonger dans ces boîtes de photos, de vieux programmes ou de costumes que j'accumule depuis le début de ma carrière.

Ça m’a permis de replacer, dans mon esprit, tous ces souvenirs et ces bons moments que j’ai vécus et qui se bousculent. Pour la première fois, j’ai accroché des photos au mur, un témoignage de mon riche passé de patineur.

J’ai fait la même chose avec ma collection de chapeaux. C’est un élément de costume très important pour moi, probablement parce que je suis devenu chauve assez jeune, mais aussi parce qu’un chapeau offre beaucoup d'options à un artiste.

J’en ai plus d’une dizaine accrochés à un mur, et ce n’est pas seulement pour la décoration, je les porte dans la vie de tous les jours. Ils ont chacun une histoire à raconter.

Oui, j’étais prêt pour la retraite, j’approche la soixantaine après tout. Mais j’ai eu un grand coup d’émotion à mon dernier spectacle à Toronto, ma ville d’adoption depuis plusieurs années.

La production m’avait permis d’inviter autant de gens que je voulais et, incroyablement, 63 personnes de mon entourage étaient présentes. J’avais donc un lien important avec les spectateurs ce soir-là, parce qu’ils étaient mes invités. Pour terminer la première partie, le chorégraphe Jeffrey Buttle avait créé un moment spécial où j’allais faire une accolade à chaque patineur de la tournée. Ils étaient tous sur la glace. Je quittais par la suite la glace, seul. Ce moment était un vrai cadeau de la part de Jeff.

Ce soir-là, je suis resté dans le tunnel et lorsque les lumières se sont éteintes, et les autres patineurs sont venus me rejoindre. Instinctivement, ils se sont tous serrés autour de moi, en silence, en me faisant une accolade, pendant que je pleurais.

J’ai encore les larmes aux yeux quand j’y pense.

Tous ces gens étaient tellement importants pour moi et ils représentaient, en quelque sorte, toutes les personnes que j’avais côtoyées au cours de ces plus de 30 ans. J’avais un lien si fort avec Étoiles sur glace, je réalisais qu’une grande partie de moi changeait et me quittait.

Cette nuit-là, j’ai beaucoup pleuré.

Au cours de cette dernière tournée, j’ai reçu tellement d’amour. Du public, bien sûr. On m’a raconté des tonnes d’histoires personnelles liées à la tournée. Combien de fois j’ai entendu, au moment de signer des autographes : "Ma mère (ou ma sœur, peu importe) aurait tellement aimé être ici en ce moment." Des spectateurs portaient des chandails des tournées précédentes. J’en ai même vu de 1993.

Au cours des années, j’ai pris l’habitude, une vingtaine de minutes avant le début du spectacle, d’aller me promener dans les gradins ou autour des concessions pour croiser les spectateurs, pour leur parler. Certains soirs, on me reconnaissait, d’autres fois, non. Mais ça m’aidait à être dans le moment présent. Je savais pour qui je patinais. J’avais toujours une pensée pour mon père et pour ce jour où il m’avait fait comprendre de ne jamais tenir le public pour acquis.

Et je n’ai jamais oublié qu’un public de 7000 personnes, ce n’est pas juste 7000 personnes, c’est 7000 histoires différentes de gens qui sont sortis de leur quotidien pour passer un moment avec la troupe d’Étoiles sur glace. D’une certaine façon, ça me permettait de ne jamais me sentir seul.

J’ai aussi reçu de l’amour d’endroits dont je ne m’attendais pas.

Après mon dernier spectacle, le danseur sur glace américain Evan Bates, avec qui je n’avais pas fait de tournée auparavant et que je ne connaissais pas beaucoup, m’a raconté à quel point il m’admirait lorsqu’il était petit garçon. Ce qu’il m’a dit m’a fait pleurer.

Patrick Chan aussi, dont la tournée canadienne marquait, en quelque sorte, un retour. Son genou tenait le coup et il était tellement heureux. Un soir, on prenait une bière en regardant un match des Maple Leafs, et il m’a avoué à quel point j’avais été important dans sa vie de patineur.

J’ai vécu beaucoup de beaux moments comme ceux-là qui m’ont permis de mesurer l’impact que j’avais eu au fil de ces années, et qui se poursuivra, je l’espère.

J’ai patiné dans mon dernier numéro d’Étoiles sur glace, mais j’aimerais bien rester dans la grande famille. Je lance ça un peu dans l’univers, sans confirmation de la production, mais je sens que j’ai encore des choses à offrir, comme chorégraphe, je l’ai déjà fait, ou mentor. On verra.

Lorsque Scott Hamilton a développé Étoiles sur glace, il a expliqué qu’il voulait créer un endroit où les champions du monde deviendraient encore meilleurs, et c’est réellement ce qui s’est produit pour moi. Je veux redonner aux jeunes patineurs et leur permettre d’être des artistes et pas seulement des athlètes.

J’aimerais aussi pousser le public à dépasser ses limites et faire découvrir aux spectateurs de nouveaux univers créatifs. C’est mon prochain défi.

Après 30 ans, le chapitre de ma vie comme patineur d’Étoiles sur glace se termine.

Lorsque l’on gagne des Championnats du monde ou une médaille olympique, c’est l’euphorie pendant quelques jours et l’on retombe sur terre.

Étoiles sur glace, ç’a été la fête pendant trois décennies. J’ai l’impression d’avoir gagné la Coupe Stanley encore et encore.

Comme j’ai été chanceux!




English Translation via Google Translate

Kurt Browning – How Lucky I Was

"I have never forgotten that an audience of 7,000 people is not just 7,000 people, it is 7,000 different stories of people who came out of their daily lives to spend a moment with the troupe."

Signed by Kurt Browning
published on December 4, 2023

The author was a four-time world champion in figure skating, competed in three Olympic Games, and was the first skater to land a quadruple jump in competition. He has just ended his 30-year professional career with the Stars on Ice shows .

One day, during a competition, I think it was the Canadian Junior Championships, I remember arriving at the arena and, before entering, my father said to me: "Look!"

I didn't understand, I was looking for what I should see.

My father said to me: "Cars."

And I, like an insolent young person, answer him: "Yes, it's a parking lot, it's usually full of cars."

He then looked at me and said: "You know, these cars didn't arrive by themselves. They were driven by someone, who probably paid for gas and parking. This person is probably accompanied by family members. They came in, they paid for their tickets, maybe they also ordered a hot dog and a coffee. They took time out of their lives to be here and watch you skate."

"Don't come and sabotage this."

I never forgot it.




More than 30 years after my first participation in a Stars on Ice show , at 56, almost 57 years old, I gave my last skates with this troupe on June 4, 2023 in an arena in Hershey, Pennsylvania.

I was the last solo before the final number and they had a little surprise in store for me. What we call the tunnel, but which is in fact just curtains that are opened to let skaters in or out, is usually kept closed. But this time, Bobby, a technician, had left the tunnel curtain wide open. I could see all the skaters in the show, who were waiting for their number, looking at me and smiling.

When I joined them for the final number, I was no longer thinking about the steps or the choreography, I couldn't help but say to myself: "I did it." I was so proud of myself, I had a big head! I felt like a superhero. In fact, I felt like I had won something.

I was proud to have made it to the end, but above all to have maintained a good level of performance throughout my career for the public. It has always been important for me to give the best of myself, night after night.

During these 30 tours, I skated in 925 performances. I only missed the first part of a show because my plane was late. Don't listen to the rumors, it wasn't my fault!

How lucky was I that no virus or injury stopped me from being on the ice and doing my job!

How lucky I am also to have genetics that allowed me to keep up this pace until the end. I have to admit that, until recently, I never really worked out or followed a particular program to stay in shape. I have always loved moving, playing tennis, hockey, throwing a football, cycling. Most of the time, that includes friends and beer. I have my parents to thank for this athletic genetics.

Although I had no doubt that this tour would be the last, I believe that life sent me a sign that I had made the right decision. On June 2, during the show in Baltimore, I fell while doing my backflip. This jump that I perform without thinking and which was still proudly part of my repertoire. Over the years, it had lost a little amplitude and the rotation was slower. But that night, as most skaters can attest, the ice was hard and brittle.

When I dived to jump backwards, the ice broke, with the result that my jump, which was already not very high, ended up even lower than usual . I no longer had enough amplitude and the teeth of my skates did not bite into the ice enough to complete the landing. I was so far forward that I fell and it was my face that took the blow.

I started bleeding, but there were only seconds left in the solo and I quickly waved to the crowd before heading backstage. The blood was now flowing freely, they were mopping my face in a hurry in addition to inserting tissues into my nose since I had to take off my beige suit, to put on another one… white! And all this in three minutes.

I was laughing as I started the next number with a nose full of tissues. This was definitely a first for me.

So I decided to remove the backflip from my numbers for the last two shows. Humility won this battle. I finished my last tour with a bruised and scratched face, I looked like a badass.

Despite the scratches and blood, I was so happy. I participated in my last show two weeks before celebrating my 57th birthday and I had managed to maintain a fairly good level of physical fitness, which allowed me to move comfortably and give a good performance.

That was the most important thing.

I don't remember very well how I was approached to be part of the show Stars on Ice . In the early 1990s, I was already world champion and it just made sense that I joined the tour, it was no surprise. I had even made a few appearances on previous tours.

What I remember very well, however, is driving to see the show in Buffalo with Kevin Albrecht, my agent at the time. I still have in my mind the image of the number by Scott Hamilton, quadruple world champion and Olympic gold medalist in 1984 and who is also one of the designers and producers of Stars on Ice .

Above all, Scott is a friend and a role model to me.

I see him skating again, if memory serves, to Georgia on my Mind by Ray Charles. He was dressed in a red shirt and jeans, a small table with a radio placed on it served as accessories on the ice. He played a man in love, it was a very touching and moving number.

And during another number, he launched into an incredible footwork that only he is capable of and he went all the way around the ice.

And it hit me. I said to myself: "I want to do that!"

When I started touring with Stars on Ice , I didn't have a specific plan. I remember Kristi Yamaguchi saying: "I do it for 10 years and then it's over." I didn't understand how she knew what she would be doing in 10 years, but she followed her plan.

In my case, the curiosity was always there and I constantly thought about how lucky I was.

My father, again, said to me one day: "You are lucky to be able to live, as an adult, from the passion you had as a child."

He was so right. I fell in love with a sport, was lucky enough to be good enough to be successful and make it my job.

A work that has been a long love affair with the public, music, the creation of choreographies, the physical aspect and, above all, friendship.

Over three decades, I have had the chance to share the ice with many friends: Scott Hamilton, Brian Orser, Toller Cranston, Josée Chouinard, Kristi Yamaguchi, Joannie Rochette, Patrick Chan, Elvis Stojko, Donald Jackson and so many others .

I don't remember all the choreography or the details of the tours, but I have so many anecdotes in mind. Like the time when, in Winnipeg, Josée Chouinard missed an edge and found herself stuck under the chairs of the spectators in the first row.

I remember trying to look cool with Elvis Stojko and Brian Orser while skating to a hip-hop song in the 1990s.

I remember thinking, "I'm a f****** rock star" while we were performing to a Rolling Stones song in front of 16,000 screaming people in Toronto.

Stars on Ice was also the joy of playing characters, of being Gene Kelly in Singing in the Rain , or a king of funk skating to Brick House by the Commodores.

I have in mind a number where the choreographer Sandra Bezic had me start right at the entrance to the tunnel. I was dressed in a white tuxedo and all the spotlights were shining on me from the front, but also from the back. I barely saw anything, but it was magical. I was larger than life.

Sandra saw us not just as athletes, but as true artists. The ability to play characters is what made it feel like home to me from the start.

And during the final and final tour, I was able to do a duet with Elvis Stojko. We were competitors a long time ago, but we always respected each other. We had already done a number together where we challenged each other, with a smirk. It was during the champions' gala after the 1993 world championships (which I won just ahead of him) and we had always wanted to do it again. The opportunity presented itself during my last tour.

Choreographer Jeffrey Buttle literally let us do whatever we wanted. We had microphones and we were making jokes with the crowd while the giant screen on the ice showed some excerpts from our competition choreographies from the 1990s. We re-did some excerpts from Elvis' solo to the music from the film Dragon, the story of Bruce Lee , and he joined me for a few steps of my choreography from the film Casablanca . We have always been opposites, but always complicit.

These moments are etched in my memory, just like the discussions Elvis and I had after the shows, with our feet in the spa, alone because we were the two oldest on the tour and everyone else had gone to party.

I'd be lying if I said it was always easy. Skating with injuries is the first thing that comes to mind. But some years, the group of skaters was also less united and that made me realize how lucky we were in the years when Stars on Ice was nothing more and nothing less than a family.

And also, when an unfortunate event hit home and I was stuck with the tour, traveling from city to city, I felt so far away. It was a horrible feeling. I felt guilty for continuing to make money doing something so fun. When my mother got sick or just when my children were little and I missed so many beautiful moments at home, the pleasure was less present. It was no longer the same thing.

I tried to retire before 2023. Twice to be precise.

In 2015, I was the tour choreographer and felt like it was time to bow out. I took the opportunity to integrate a few elements which were a sort of "goodbye". I loved my solo on Brick House, so I made it a group choreography with the other male skaters on the tour. I also brought back my Raggy the Clown character for the time to draw a flower on the ice cream. This character has always been so important to me.

I didn't really announce my retirement, but the skaters understood the messages I had sprinkled here and there. I even gave a speech at the last show in Vancouver.

Then, the following year, I did a few shows as a special guest. I don't really remember why, I think I was just asked if I was interested and I said: "Yes."

I was on tour again in 2017, I guess it's because I just couldn't say goodbye.

In 2018, the tour had so many Olympic medalists, a gold medalist here, another there. With all these superstars, it seemed like the best time to give up my seat.

Plus, I was starting to worry that my body wouldn't keep up. I declined the invitation that year, and I remember sitting in the stands in Toronto and proudly watching my friend Elvis Stojko do a perfect triple lutz and thinking: "This show is incredible, but I'm at peace no longer be part of it."

Until I got a call, again.

The following year, Tessa Virtue and Scott Moir left Stars on Ice to do their own show. So the producer asked me: "Could you come back... please?" And I accepted.

Then the pandemic happened and I didn't want it to end that way, with the shows canceled. And finally, in recent years, I have had the chance to skate with my wife, the American skater Alissa Czisny. Being able to share these incredible moments with her pushed me to keep going, just a little.

I must say that the forced pandemic break allowed me to prepare for retirement. All this time away from the ice made me realize what my life would be like after the tour. I was also able to delve back into these boxes of photos, old programs or costumes that I have been accumulating since the start of my career.

It allowed me to place, in my mind, all these memories and these good times that I experienced and which are jostling. For the first time, I hung photos on the wall, a testimony to my rich past as a skater.

I did the same thing with my hat collection. It's a very important costume element for me, probably because I went bald quite young, but also because a hat gives a performer a lot of options.

I have more than ten hanging on a wall, and it's not just for decoration, I wear them in everyday life. They each have a story to tell.

Yes, I was ready for retirement, I'm approaching 60 after all. But I had a great emotion at my last show in Toronto, my adopted city for several years.

The production allowed me to invite as many people as I wanted and, incredibly, 63 people from my entourage were present. So I had an important connection with the spectators that evening, because they were my guests. To end the first part, choreographer Jeffrey Buttle created a special moment where I would hug each skater on the tour. They were all on the ice. I then left the ice, alone. This moment was a true gift from Jeff.

That evening I stayed in the tunnel and when the lights went out, the other skaters came to join me. Instinctively, they all crowded around me, in silence, hugging me, while I cried.

I still get tears in my eyes when I think about it.

All these people were so important to me and they represented, in a way, all the people I had known over these 30-plus years. I had such a strong connection to Stars on Ice, I realized that a big part of me was changing and leaving me.

That night I cried a lot.

During this last tour, I received so much love. From the public, of course. I've been told tons of personal stories related to the tour. How many times have I heard, when signing autographs: "My mother (or my sister, whatever) would have loved to be here right now." Spectators wore jerseys from previous tours. I even saw some from 1993.

Over the years, I got into the habit, about twenty minutes before the start of the show, of going for a walk in the stands or around the concessions to meet the spectators, to talk to them. Some evenings, I was recognized, other times, not. But it helped me be in the present moment. I knew who I was skating for. I always had a thought for my father and for that day when he made me understand to never take the public for granted.

And I have never forgotten that an audience of 7,000 people is not just 7,000 people, it is 7,000 different stories of people who came out of their daily lives to spend a moment with the troupe of Stars on Ice. In a way, it allowed me to never feel alone.

I also received love from places I didn't expect.

After my last show, American ice dancer Evan Bates, who I hadn't toured with before and didn't know much about, told me how much he admired me when he was a little boy. What he said to me made me cry.

Patrick Chan too, whose Canadian tour marked, in a way, a return. His knee was holding up and he was so happy. One evening, we were having a beer while watching a Maple Leafs game, and he told me how important I had been in his skating life.

I have experienced many beautiful moments like these which allowed me to measure the impact I had had over these years, and which will continue, I hope.

I skated in my last issue of Stars on Ice, but I would like to stay with the big family. I'm throwing this out into the universe a bit, without confirmation of production, but I feel that I still have things to offer, as a choreographer, I've already done it, or a mentor. We'll see.

When Scott Hamilton developed Stars on Ice , he explained that he wanted to create a place where world champions would become even better, and that's actually what happened for me. I want to give back to young skaters and allow them to be artists and not just athletes.

I would also like to push the public to go beyond their limits and introduce spectators to new creative worlds. This is my next challenge.

After 30 years, the chapter of my life as an Stars on Ice skater ends.

When you win a World Championships or an Olympic medal, it's euphoria for a few days and you come back to earth.

Stars on Ice was a party for three decades. I feel like I've won the Stanley Cup over and over again.

How lucky I was!

Comments collected by Josie-Anne Taillon